• Les forces sattwiques sont notre héritage, la confiance, la foi, la faculté de communion et la compassion existent en nous. Mais ce sattwa est plus ou moins actif, parfois totalement écrasé.

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  • Le rajas donne assurance, vitalité, possibilité d’action, endurance, courage, volonté et détermination mais pour qu'il serve notre évolution spirituelle, nous devons apprendre à le manier et à l’orienter.

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  • Le tamas est une source d'ignorance et de stagnation mais aussi un garant de la stabilité, une réserve de mémoire à purifier et le refuge de notre âme.

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  • Comment comprendre et vivre les modalités de la Nature, appelés Gunas :

    tamas ou inertie, rajas ou activité et sattwa ou lumière.

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  •                                        Yoga et Symboles

                       

                         La Paix dans le conflit

     

     Le monde dans lequel nous vivons est le théâtre de conflits plus ou moins aigus entre nations, ethnies ou corporations, entre les religions et entre l’homme et la nature. Notre vie intérieure est également un lieu de luttes, entre différents aspects de notre personnalité. Par exemple les instincts viennent souvent contrecarrer les idéaux ; les actions mues par des ambitions engendrent de l’agressivité, ce qui est contraire à notre aspiration profonde ; on veut se débarrasser d’une mauvaise habitude mais elle revient en force car le plan émotionnel résiste au changement…

    Pourtant, le besoin de paix est permanent et chaque être humain le ressent d’une façon ou d’une autre. Considérant que le changement commence par soi et s’étend ensuite aux relations, on doit se poser la question d’une démarche véritable qui conduirait à plus de tranquillité et de paix intérieure. Cela demande de mieux voir les luttes qui prennent place en soi, de mieux comprendre sa propre réalité et de connaître le sens de sa destinée.

    Nous ne pouvons pas attendre que la paix s’installe comme par miracle ni en nous ni dans le monde. Nous devons agir et trouver l’effort authentique qui nous conduit à elle. Sans cet effort personnel, la paix reste une projection mentale, nous sommes résignés à un cheminement pour le moins chaotique, avec les « hauts » où nous voyons le monde à travers des lunettes roses et des « bas » qui donnent à toute chose une coloration grisâtre et triste. Nous acceptons les conflits comme une fatalité et ils finissent par occulter le but initial de notre démarche.

     

    La paix dans le futur ou la réalité du présent ?

     

    Notre demande spirituelle va souvent dans le sens du conflit car on est maintenant imprégné de lectures ou de préceptes qui poussent à nourrir des désirs plus sophistiqués, n’ayant pas grand chose à voir avec notre réalité présente. Nous suivons des pratiques, nous adoptons des disciplines ou des changements de vie, nous préconisons l’ouverture vers les autres ou l’ouverture du coeur, l’amour et la compassion, nous essayons d’être plus détendus, nous décidons de prendre la vie telle qu’elle est… Cependant, le vécu ramène souvent à des vues plus terre à terre, les actes s’opposent aux résolutions. On convoite un avenir radieux, alors que le présent est pétri de confusion ou de contradiction. C’est pourquoi la dépression et le découragement guettent à la porte : on n’a pas appris à accepter et à gérer convenablement cette confrontation entre ce que l’on veut être et ce que l’on est actuellement.

     Malgré tout, la paix est le droit de naissance de chaque être humain. Selon Swami Satyananda Saraswati, elle existe à l’intérieur de chacun, bien qu’elle soit retenue captive dans une prison dorée, gardée par les dix sens. Il s’agit de libérer ce potentiel de tout ce qui l’entrave. Une réflexion s’impose sur notre façon d’aborder le chemin spirituel. Bien sûr, il est bon de cultiver des qualités positives, de changer une mauvaise habitude ou d’adopter des techniques apportant plus de santé, du bien-être ou de la relaxation. Mais faut-il pour autant refuser de voir quelle est notre condition présente ? Ne peut-on pas considérer que nous pouvons apprendre avec ce que nous sommes en ce moment ?

     

    Dans le yoga, un pratiquant sincère est normalement obligé de rester avec les deux facettes du problème. Vous faites un asana, un pranayama, une méditation, ou bien vous essayez de concrétiser dans votre vie un yama ou un niyama, les règles de conduite sociales et individuelles. Ces différentes pratiques comportent deux versants : une mise en œuvre, qui est précise mais dépend des capacités de chacun ; et un objectif ou une version « aboutie » qui constitue l’idéal à atteindre. Tout le yoga est basé sur le conflit apparent entre le respect de ses propres limites et le maintien de l’objectif. Si l’un ou l’autre de ces deux aspects est perdu de vue, on ne peut pas vivre correctement les choses. C’est évident dans le domaine physique car en forçant le corps au-delà de ses capacités du moment, on va créer à terme une situation morbide qui n’apportera que désagrément, tensions, maladie. Mais c’est tout aussi flagrant dans le domaine psychologique. On peut facilement s’en rendre compte quand on veut corriger un travers de la personnalité, se mettre en colère par exemple : en décidant par pure volonté de ne plus céder à la colère, on y arrivera pendant quelques temps mais si c’est un mode indispensable de compensation ou d’expression, ce sentiment ressurgira avec la force de toutes les colères refoulées.

     

    La solution est de garder un équilibre permanent entre le constat et le but, entre ce qui existe et ce que l’on veut atteindre. Alors, un effort authentique peut naître et il nous rapproche de nous-même au lieu de nous diviser. Le mental est très astucieux quand il s’agit de conserver ses repères et ses modes de fonctionnement : il se targue d’un résultat potentiel pour se dispenser du constat par rapport à la réalité présente. A terme, ce jeu est très dangereux car il est source d’une grande confusion intérieure. Si l’on nie pendant longtemps une partie de soi, le jour viendra où l’on sera confronté à la dure réalité. Le voile que le mental jette sur cette bataille intérieure est malsain. En se projetant dans un résultat, n’est-on pas plus encore victime de tout ce qui nous limite actuellement ? Est-ce en ignorant ou en contournant nos processus mentaux que nous parviendrons à un état de paix ? Peut-on espérer être le réceptacle ou l’instrument de la Paix sans avoir à se pencher sur ce qui gêne la libre expression de soi, tel que l’on est à l’instant présent ?

     

    Le royaume de la Prakriti

     

    Nous vivons dans le royaume de la Prakriti, la force universelle de manifestation. Elle agit à travers trois principes, appelés gunas. Tamas correspond à l’inertie et à l’obscurité, rajas est synonyme de mouvement et d’activité, sattwa représente la lumière et la pureté. Ces agents de la Nature sont indispensables à la création, ils assurent non seulement la vie physique mais aussi tout ce qui régit le monde et les créatures à des niveaux plus subtils, visibles ou invisibles. Sur le plan psychologique, tamas est considéré comme le responsable de la léthargie et de l’ignorance ; rajas génère les ambitions et les désirs, la recherche du pouvoir et de la satisfaction, mais c’est aussi la force nécessaire à l’action et à la transformation ; sattwa est le moteur qui génèrent les aptitudes supérieures de tout être humain, paix, amour, compassion, créativité, foi.

     

    Les qualités sattwiques de la Nature nourrissent notre être profond et ouvrent l’individu vers les autres et vers la Vérité. Le but spirituel se situerait donc en sattwa. Il est effectivement recommandé de privilégier les pensées, les paroles et les actions sattwiques. Cependant, que faire des aspects tamasiques et rajasiques qui conditionnent notre quotidien ? Les ignorer jusqu’à ce qu’ils s’évanouissent et cèdent définitivement le pas à sattwa ? Puisque nous sommes nés en ce monde, il serait peut-être sage d’accepter le jeu de la Prakriti, les différents agents de la puissance de manifestation, de la Mère de l’univers. Notre volonté est bien impuissante face à ces modalités de la Nature !

     

    Pourquoi donc ne pas commencer par accepter le tamas qui est en nous ? En observant et en acceptant le tamas, on prend conscience de sa pesanteur, de ses effets de stagnation et du fait que l’on est toujours ramené en arrière malgré nos efforts de changement. En le connaissant mieux, on peut cerner comment il intervient et quels sont ses effets ; on peut aussi bénéficier de sa qualité primordiale qui est la stabilité : tamas peut jouer le rôle de tremplin, c’est la base stable qui permet de prendre son élan vers autre chose.

     

    Pourquoi ne cherchons-nous pas à comprendre le rajas qui nous pousse à l’action ? Si l’on se met en accord avec les qualités rajasiques, on bénéficie des ressources intrinsèques de vitalité, de guérison, de transformation. On peut harmoniser les mouvements désordonnés des désirs et des ambitions, orchestrer la force de leur impulsion, canaliser leur élan et installer un désir équilibré.

    Il faut aussi apprendre à contrebalancer tamas par rajas et rajas par tamas. Ces deux modalités de la Nature correspondent aux systèmes d’accélération et de freinage qui gèrent le corps et ses organes, le mental et ses activités. Grâce à un équilibrage subtil entre les deux, le potentiel du sattwa peut remplir sa mission. Notre volonté de changement relève de rajas (aller vers un objectif) ; les mouvements qui freinent notre progression sont des réactions liées au tamas ; une prise en compte et une mise en équilibre de ces deux aspects va permettre au sattwa inhérent à la personnalité de s’épanouir et d’éclairer le chemin. Ainsi, nous n’avons plus seulement une volonté consciente qui s'impose au reste mais nous pouvons aussi accepter, comprendre et aimer ce qui résiste en nous. C’est la Prakriti, avec ses trois principes, qui possède en son sein la clé de la connaissance et de la sagesse. Elle nous guide et ouvre la porte de l’infinitude de notre être quand le moment est venu.

     

    Swami Niranjanananda compare le royaume de la Prakriti à un hôpital dans lequel nous sommes admis pour suivre un long traitement. Nous devrions rester des patients attentifs aux soins qui nous sont prodigués mais le seul problème est que nous devenons « im-patients » ! Nous désirons quitter au plus vite cet hôpital et nous ignorons tout de la sollicitude que la vie nous porte ! Loin de vouloir s’évader de ce qui existe, en soi et hors de soi, il faudrait considérer notre existence et ses multiples aléas comme un creuset où se produit l’alchimie de notre évolution.

    Ce changement de perspective inaugure une alliance profonde entre notre conscience supérieure et tout ce qui est prêt à se transformer en soi. Il est alors plus facile d’avancer sur le chemin et d’être en accord avec soi-même, en sachant clairement ce qu’il est possible d’abandonner ou de réformer.

     

    La leçon de la Bhagavad Gita

     

     L’un des thèmes de la Bhagavad Gita concerne cette action des agents de la Nature. Lorsque nous sommes capables de constater que nos actes, nos pensées et nos sentiments représentent l’action de la Nature sur la Nature, par l’intermédiaire des gunas, nous libérons la conscience de la servitude liée au fonctionnement physique et mental, et nous la dirigeons vers le Soi.

     Il est très intéressant d’analyser les circonstances et le lieu ayant permis la naissance de cet enseignement universel donné par le Maître divin, Krishna, symbole du guru intérieur. Le message de la Bhagavad Gita est transmis au commencement d’une guerre sans précédent, une bataille entre les forces positives du dharma et les influences négatives de l’adharma.

     

    Les deux armées sont présentes sur le champ de bataille, prêtes à engager les hostilités. D’un côté les armées des cinq frères Pandavas, qui sont chacun la représentation d’une qualité supérieure de l’être humain ; de l’autre, les troupes des cent un frères Kauravas, qui symbolisent les désirs conduits par l’ego. Les Pandavas ont été victimes de nombreux complots fomentés par leurs cousins Kauravas et ils ont finalement été injustement destitués de leur trône. Arjuna, l’archer intrépide et droit, est un des Pandavas et il est l’ami de Krishna. Il a demandé à ce dernier de conduire son char pendant la bataille. Avant que les hostilités ne commencent, Arjuna veut examiner les forces en présence. Pour cela, il incite Krishna à placer le char entre les deux armées. Cette requête paraît incongrue compte tenu des événement imminents mais c’est précisément cela qui va donner naissance à la Bhagavad Gita.

     

    Arjuna voit dans le camp adverse sa famille, ses amis et ses gurus. Il laisse monter ses sentiments et entre dans une grave crise qui exige l’enseignement de Krishna. Jusqu’à cet instant, Arjuna avait d’excellentes raisons intellectuelles pour combattre. Mais voyant tous ses proches et ses maîtres contre lesquels il va devoir lutter, son cœur défaillit et l’entraîne dans un conflit intérieur majeur. Il tombe dans la dépression, perd son discernement et ses capacités de concentration. Il se laisse gagner par le découragement, rejette tous ses moyens d’action, l’arc et les flèches, et la torpeur envahit son corps. Le tamas ou inertie gagne donc sur le rajas ou action. Par suite, le mental se trouve totalement obscurci, sattwa ne peut plus se manifester dans la personnalité d’Arjuna. Cela illustre parfaitement les conflits que nous rencontrons dans la vie et leurs effets !

     

    Pourtant, au-delà de ces conséquences désastreuses, il faut garder en mémoire que la crise d’Arjuna fait naître un enseignement spirituel d’une valeur exceptionnelle, universelle et intemporelle. La dépression d’Arjuna est née d’une prise de conscience de ses sentiments. Sans cela, la guerre du Mahabharata aurait commencé sans autre préalable et la parole divine et universelle de la Bhagavad Gita n’aurait pas été délivrée. La décision de faire la guerre était auparavant basée sur des arguments de logique, de moralité et de vengeance, et ces raisons n’engendraient ni conflit ni hésitation. Mais lorsque le cœur d’Arjuna se met à parler, toutes ces justifications intellectuelles perdent leur poids et les émotions s’expriment sans retenue. Arjuna ne peut cependant pas en rester là, la bataille doit avoir lieu, il n’y a pas d’autre alternative. Krishna est donc amené à instruire son disciple et ami, afin de le sortir de son accablement et de le convaincre d’assumer l’œuvre de guerre.

     

    Les luttes intérieures qui se produisent en nous à une occasion ou une autre paraissent négatives, et elles nous effraient à cause de leurs effets dévastateurs. Pourtant, les textes réputés de l’Inde présente le cheminement spirituel comme une lutte (Mahabharata et Bhagavad Gita, Ramayana, Vie de Durga). Avec un peu de sincérité et de conscience, on peut constater qu’il en est ainsi pour chacun d’entre nous.

    C’est à l’intérieur de soi que les armées du Mahabharata s’affrontent : d’un côté les aspirations et les qualités sattwiques, symbolisées par les frères Pandavas ; de l’autre, l’ego et ses multiples alliés que sont les désirs, les ambitions, la violence, la peur et l’ignorance.

     

    Il arrive un temps où l’on ne peut plus échapper à ce constat illustré par la Bhagavad Gita. Et c'est lorsque le conflit est à son maximum, sans plus d’échappatoire, que l’enseignement spirituel nous est délivré de l’intérieur. Si nous sommes capables de l’entendre, nous nous élevons au-dessus des contingences et de la lutte. Pourquoi ? Auparavant, nous essayons de manipuler la réalité de notre vie pour la mettre en accord avec nos idées ou nos besoins, nous avons une notion intellectuelle de l’existence et nous évitons ce qui pose problème pour essayer d’être heureux. Tant que l’on reste dans cette perspective, l’enseignement n’est pas révélé. Il faut d’abord acquérir endurance et contrôle de soi, être capable de rester dans la réalité sans essayer de la changer et vivre pleinement ce qui existe, sans calcul, sans faux-semblants, sans fuite. Ce que nous appelons une crise intérieure donne alors naissance à une transmutation, qui se fait sous l’égide du guru intérieur.

     

    Le fil du rasoir

     

    Dans notre existence, de nombreux conflits mineurs se produisent entre différents aspects de la personnalité car celle-ci n’est pas encore intégrée. Ils existent entre la tête et le cœur, entre les instincts et la moralité, entre deux sentiments opposés ou entre des principes de vie et une mauvaise habitude. Ces batailles intérieures qui jalonnent notre quotidien ont toutes leur importance. Si nous les vivons en pleine conscience, nous apprenons de chacune d’elles une leçon qui dépasse de très loin les efforts de la volonté. Prenons un exemple : vous décidez de sauvegarder votre santé en mangeant moins, en évitant certains aliments ou en vous abstenant de grignoter toute la journée. C’est vous qui ressentez le besoin urgent d’un changement, votre volonté est bien affirmée, votre décision vous apparaît d’un intérêt incontestable et sur le moment, vous n’avez aucun doute quant à sa réalisation. Mais après un certain temps, une autre partie plus ou moins cachée vous pousse exactement dans le sens opposé. Si vous baissez la garde, ce n’est plus votre volonté qui gagne mais ces aspects rebelles. Faut-il faire preuve de plus de volonté et de rigueur ? C’est parfois nécessaire !

     

    Cependant, il faudrait aussi considérer que cette lutte intérieure fait partie intégrante du processus de changement. La vraie transformation nécessite d’avoir une écoute égale des deux facettes qui s’affrontent à l'intérieur, de même que dans la guerre du Mahabharata, il ya deux armées en présence. Vouloir changer le comportement alimentaire et en même temps, écouter le message délivré à travers la résistance au changement. Ainsi, on peut garder la force de l’objectif initial et prendre en compte la partie qui se révolte. Ce peut être le petit enfant en soi qui réclame, un besoin affectif non assumé, un défaut naturel de gourmandise…

     

    Arjuna se retrouve devant ses sentiments après les avoir longtemps ignorés. De la même façon, nous devons nous mettre face à nos réactions intérieures, même si elles semblent dans un premier temps contrecarrer nos résolutions ou notre volonté de changement. Il s’agit de notre être et nous ne pouvons pas atteindre la paix ou la santé fondamentale en le sacrifiant en partie. Est-il possible de vivre un conflit intérieur sans osciller dans un camp puis dans l’autre et sans sacrifier aucun d’eux ? C’est l’équivalent de vivre sur le fil du rasoir, totalement présent à ce qui existe dans l’instant, bien équilibré dans cette guerre fratricide, sachant que le résultat est entre les mains d’une volonté supérieure.

     

    On est souvent persuadé que toute progression se fait du bas vers le haut, qu’elle doit sortir du négatif pour aller vers le positif. Cette vision est erronée : on ne quitte pas le « bas » ou le « négatif », on l’intègre dans une vision plus globale de soi, on le marie avec les aspects supérieurs de la personnalité. On peut ainsi se responsabiliser, utiliser les forces pour mieux gérer les faiblesses et affaiblir l’impact des aspects négatifs grâce à la prise de conscience. Avec cette transformation complète de l’attitude, il est beaucoup plus facile de trouver sa route parmi les événements de la vie, de rester constamment en amitié avec soi-même quel que soit ce que l’on est. « Go ahead », et « Be yourself » (« Allez de l’avant » et « Soyez ce que vous êtes ») sont les deux citations majeures qui invitent à une démarche authentique, où intrépidité rime avec respect. Cette nouvelle vision sur soi et sur la vie conditionne la complétude et la paix intérieure auxquelles nous avons tous droit. Swami Satyananda conseille de regarder les difficultés que nous rencontrons dans la vie comme l’ombre créée par la lumière.

     

    Quand il y a lumière, il y a aussi ombre…

    Les aléas sont l’ombre de notre lumière intérieure.

     

    Swami Brahmatattwa

     

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  •                                                     Peut-on être son propre maître ?

    La notion de maître


    Nous avons besoin de maître pour apprendre ce que nous devons savoir, dans tous les domaines et depuis notre naissance. Un être humain arrive sur terre 'non fini' et il se développe au contact des autres. Le premier maître est notre mère puis il en vient d'autres, au fur et à mesure que nous grandissons. Notre faculté d'appendre et notre épanouissement personnel dépendent grandement de l'amour réciproque qui se tisse avec ces différents maîtres. Le vecteur d'apprentissage le plus puissant est sans nul doute l'amour.

    Dans le domaine de la spiritualité, il en est de même, il faut aussi trouver un ou des guides qui ont suffisamment avancé sur le chemin pour éclairer celui des autres et avec qui nous allons pouvoir tisser une relation d'amour. L'amour dont il s'agit est inconditionnel, il doit être réciproque et s'associer à une qualité primordiale, la confiance.

    Le maître n'est pas un enseignant ordinaire et en fait, il n'enseigne que ce que nous savons déjà, il nous permet d'actualiser ce que nous sommes potentiellement. Un guide spirituel authentique ne fait rien, absolument rien. C'est la personne qui avance avec ses propres forces, ses écueils, ses réticences et sa foi. Le maître est là seulement pour donner envie de marcher et pour éclairer le chemin.

    En sanskrit, le terme guru signifie celui qui est capable de disperser l'obscurité. Cela veut dire qu'il montre la direction. Il reste présent, pendant le temps où le disciple maintient cette relation qui est à la fois aimante, exigeante et dénuée de tout attachement matériel, intellectuel, sentimental ou spirituel.

    Krishna et Arjuna dans la Bhagavad Gita

    Dans la grande épopée indienne du Mahabharata, Krishna, considéré comme le Maître divin, est l'ami d'Arjuna qui est un guerrier et un intrépide archer. Au moment de la guerre entre les armées du dharma et de l'adharma, la voie juste et la voie erronée, Krishna devient le conducteur du char d'Arjuna.

    Arjuna se tient donc dans son char, avec son arc et ses flèches, sa conque et son étendard, prêt à combattre pour rétablir le dharma et se venger de toutes les ignominies que ses frères et lui ont dû subir. Mais le char lui-même est dirigé par Krishna et c'est donc le maître qui conduit Arjuna devant les ennemis à combattre.

    Cette position est significative de la position du maître par rapport au disciple. Lorsque ce dernier est prêt, le maître apparaît et prend le contrôle du corps, équivalent du char, des sens qui sont représentés par les rênes, et de la direction à prendre. Krishna n'agit pas pendant cette guerre, ce n'est pas lui qui combat. Arjuna, qui symbolise le mental, doit mener cette guerre, éclairé et guidé par son maître et ami.


    Guru extérieur et Guru intérieur

    Le maître à l'extérieur va peu à peu nous permettre d'écouter en nous-même la voix du maître. Beaucoup de gens prétendent qu'il est possible de suivre son guru intérieur sans passer par l'étape du guru extérieur. C'est ignorer une chose très simple : comment distinguer en soi la voix du mental et celle de l'âme, le guru intérieur ? La parole de l'âme est inaudible, le guru intérieur parle le langage du silence...

    Il faut donc développer une qualité d'écoute intérieure différente de celle dont nous avons l'habitude. Le mental que l'on est sucspetible d'entendre a une nature limitée, il ne peut donc se mette au diapason de l'illimité, de l'intangible, du silence éternel. Et pour transformer ce mental, pour lui donner une autre sensibilité, une aide extérieure est nécessaire.


    Maître et enseignant

    Un enseignant va se consacrer à l'enseignement d'une matière, le yoga par exemple. Un maître n'enseigne pas, IL EST...

    Pour pratiquer le yoga, il suffit d'avoir un bon professeur, bien formé et conscient des besoins de ses élèves. Mais en matière de spiritualité, un maître est indispensable car lui seul peut éviter que se crée un conflit à l'intérieur entre une partie de soi qui veut bien évoluer et une autre qui se défend contre tout changement, l'ego. Cet ego ne doit pas être éradiqué, il ne doit être ni refoulé ni supprimé. Considérez une pièce de monnaie avec d'un côté l'ego et de l'autre l'âme, avez-vous l'idée de supprimer une des faces de cette pièce ? Non ! C'est en la retournant que l'on peut passer de la réalité restrictive de l'ego à la nature illimitée de l'âme...

    Il existe beaucoup de confusion au sujet de cette différence entre enseignant et maître. Dès que quelqu'un montre une connaissance plus développée des sujets spirituels, beaucoup le suivent, l'encensent et lui donne l'étiquette de maître.

    La sagesse d'un authentique maître ne réside pas dans un savoir, aussi subtil soit-il. Elle naît de son amour et de sa compassion qui lui permet de guider vers le but tout en ayant une compréhension très fine et actuelle du processus à suivre, quitte à suggérer parfois des chemins de traverse ou à insuffler un mouvement qui semble à première vue dénué de toute réalité spirituelle.

    En guise de conclusion, laissons Socrate nous révéler la nature du maître :


    "Pourtant, j’ai au moins cet attribut, qui est propre aux accoucheuses : je suis impropre à la conception d’un savoir, et ce que beaucoup m’ont déjà reproché, à savoir, que je questionne les autres, mais que moi-même je ne réponds rien sur rien parce qu’il n’y a en moi rien de savant, c’est un fait véritable qu’ils me reprochent.[…] mais ceux qui se font mes partenaires, […] c’est étonnant tout le fruit qu’ils donnent, […] ils n’ont jamais rien appris qui vienne de moi, mais ils ont trouvé eux-mêmes, à  partir d’eux-mêmes, une foule de belles choses, et en demeurent les possesseurs."

     



                                     Peut-on être son propre maître ?


                            Swami Satyananda et Swami Niranjanananda

                                    Maîtres de la Bihar School of Yoga.

     

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